Quinze artistes se partagent cette nouvelle célébration de la nature. Quinze personnalités dont chacune des pièces signe la singularité de l’œuvre. Inspirés par les formes minérales, végétales, animales et anthropomorphes, dessins, peintures, sculptures et installations dessinent un parcours inédit dans les espaces d’exposition comme dans le Parc historique, particulièrement honoré cette année. C'est ainsi que Chantal Colleu-Dumont, commissaire des expositions, présente cette nouvelle saison d'art.
La lumière et le temps sont les notions majeures de la recherche artistique de Vladimir Zbynovsky. Par ses principes physiques, la lumière l’incite à une méditation existentielle, génératrice d’œuvres témoignant à la fois de la transformation de la matière et de la conscience de la fugacité humaine. Dès l’origine, son œuvre s’interroge : qu’est-ce que le temps ? quel est son moteur ? Questions qui naturellement engendrent une réflexion sur la naissance de la matière. D’où la volonté de réunir deux matériaux différents mais qui tous deux évoquent la naissance de l’univers : la pierre et le verre, médium de lumière.
Avec ses premières compositions, Vladimir Zbynovsky cherche à dévoiler un passage, celui qui mène d’un état à un autre. Les pièces, qui naissent alors, sont modelées préalablement avec de la glaise avant d’être coulées, moulées en verre. Aux Beaux-Arts de Bratislava, l’étudiant a appris à considérer et à respecter cette matière, utilisée depuis la Mésopotanie ou l’Égypte ancienne. Avec elle, il touche à une pratique millénaire qui s’est adaptée aux géographies et aux développements techniques des sociétés successives. Bien que travaillées par la lumière, ses créations sont académiques, qualificatif qu’il leur donnera par la suite.
C’est alors qu’un heureux incident mène Vladimir Zbynovsky sur un chemin de traverse. Regardant dans le four, il observe un léger débordement de verre, qui engendre spontanément une forme parée d’une pureté inattendue. Intéressé par ce don du hasard, l’artiste y voit une incitation à une expression plus minimaliste, plus directe. Naissent alors des blocs de verre rectangulaires épousant la pierre. Avec le verre, la sculpture de pierre développe une quatrième dimension et interpelle l’artiste qui s’interroge sur la nature de cette dernière. Relève-t-elle du temps ou de l’espace ? Telle est la question. Le verre s’érige en seuil, en portail. Il devient un lieu de passage, le résultat d’une transformation.
“Comment se confronter à l’aveuglante proximité du réel ? Vladimir Zbynovsky propose des sculptures où il revient à la pierre et au verre d’incarner la tension constante qui anime cette problématique contemporaine, au plus haut point artistique. La démarche du sculpteur consiste à choisir le verre optique pour illuminer la pierre d’une proche clarté, et, par lui, permettre – dans la lignée de siècles d’investigations savantes – la connaissance de la matière, du phénomène lumineux et d’un certain horizon du monde qu’on voit se profiler en de telles œuvres d’art...”, affirme la poétesse Chantal Golovine.
Obtenu par la fusion d’un sable siliceux avec du carbonate de sodium ou de potassium, le verre est pour ainsi dire une mutation de la roche, un mouvement de la matière pierre, qui peut se gorger de lumière. Vladimir Zbynovsky jubile à l’idée de travailler à la fois le matériel et l’immatériel, d’avoir l’impression de toucher à d’autres spatialités. Pour lui, le verre n’est pas une matière tranquille. Elle procède d’une action de fixation. Là où l’homme construit en dur pour marquer son temps, demeurer au-delà de sa propre finitude, Vladimir Zbynovsky vient avec le verre méditer sur la fragilité de l’être humain et sa volonté toujours inassouvie de retenir le temps. Dans une prise de conscience progressive, il use de la matière en épurant les formes et en apprenant la patience pour toucher à la simplicité, à l’essentiel.
Ses œuvres aux titres évocateurs révèlent une quête de la matière aux confins du spirituel. Elles rappellent que l’univers dispose d’une vie propre, non conditionnée à l’apparition ou à la disparition des hommes, que la vie est un principe plus vaste que ce à quoi nous le réduisons, que la lumière est une énergie vitale sans commune mesure. Alors l’artiste use de tous les subterfuges de son art pour transformer ses sculptures en points de passage d’une dimension à une autre, tel des autels reliant le monde terrestre à un au-delà. Ainsi, personne de s’étonna de voir la réalisation d’un nouvel autel pour la basilique Saint-Denis lui être confié. La lumière appelle la lumière.
Vladimir Zbynovsky, artiste permanent de la galerie depuis 2017, fait partie des artistes exposés pour cette nouvelle édition. Retrouvez ses œuvres liant pierre et verre dans le Pédiluve de la Cour de la Ferme.
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