DEBLANDER Robert, céramique, artiste Permanent de la Galerie Capazza depuis 1986

« Je n’ai pas la moindre idéologie concernant la céramique ou l’art en général. J’en accepte les formes quand je sens l’œuvre, l’objet abouti, à leur maximum d’intensité, d’expression, je les reçois pleinement, Jomon, Song, Persan, contemporains, conceptuels, figuratifs ou abstraits, centaines de références qui, chacune, ont permis l’éclosion des formes ou éloquentes ou admirables … ou muettes. »
Robert Deblander


« Ce potier de renommée mondiale puisqu’il expose aussi bien à Londres qu’à Rome ou à Tokyo, a parfaitement assimilé la leçon des vieux artisans qu’il s’est choisis comme maîtres, après un tour de France de la poterie. En s’appuyant sur cette base traditionnelle, Robert Deblander se livre à des recherches constantes qui concernent les volumes et les formes. Chacun de ses grès, qu’il s’agisse d’un modeste bol ou d’une sculpture plus élaborée, traduit son souci de l’équilibre et reflète ses préoccupations profondes qui sont surtout d’ordre architectural ».
Colette Save, Les artisans de Bourgogne, L’Estampille

« Robert Deblander était un homme silencieux, il ne se livrait pas autrement qu’à travers ses créations. Créer, c’est en quelque sorte écrire, c’est découvrir et se découvrir. En descendant ainsi en soi même, on se fait surtout plus universel. C’est autant une expression de soit qu’une expérience tournée vers la conscience et les soucis de la condition humaine, vers l’altérité ».
Joseph Rossetto, extrait du catalogue de l’exposition Robert Deblander, Galerie Capazza, 2015


Robert Deblander, le maître de l’exigence


« La rigueur des volumes simples, sans entrer dans l’idéologie minimaliste, se prête aussi bien aux objets dits utiles qu’aux formes libérées de l’usage, elle donne une force à l’image des uns et des autres.


Cependant, avant même les années 1960 et régulièrement par la suite, compositions graphiques, calligraphies délicates, réapparition de la couleur étaient venus animer les austères surfaces des poteries et des grès soumis au feu. Mais la porcelaine, adoptée seulement en 1975, semble toutefois l’avoir emporté. Cette élégante réussite n’est pas parvenue à combler le potier Deblander des origines, qui a voulu se confronter, à l’occidentale, aux « chawans » du zen japonais si étrangement libres, et disciplinés. Leur esprit se prêtait magnifiquement à une reprise passionnante de l’ensemble des pratiques expérimentées par Robert Deblander depuis ses débuts. Ce fut une paisible débauche de bols marquant la fin d’une période et introduisant (ou réintroduisant en force) les sculptures abordées dans les années 1970.


(…) Ces frontières internes de la céramique, Robert Deblander les a vécues mais également réfléchies et analysées. Pour compléter son engagement dans la défense de l’art céramique, il a fréquemment écrit sur les travaux de ses confrères, mettant l’accent sur la céramique d’auteurs, la plus vulnérable, et a toujours affirmé sa conviction, fidèle à lui-même, volontairement solitaire sans dévier son chemin.


Il a sans doute ouvert une voie dans le monde de la terre, en tant que médium artistique. Il restera un maître sans le vouloir, bien qu’il n’ait pas généré une école, mais simplement créé un style qui porte son nom et qui peut être une étape pour un jeune créateur ou un jalon dans une aventure potière. Ce raffinement est inimitable ou trop représentatif, il est la protection contre toute copie. Si d’aucun s’en réfère et s’y contraint, trouver un détournement ou une autre caractéristique est obligatoire car il semble impossible de la dépasser.


(…)Le style Deblander se définit; pureté de la forme, perfection de la finition, exigence technique, qualité de la matière, intégration du décor et comment il s’inscrit dans l’actualité artistique : mais l’essentiel n’est certainement pas dit car le plus vif souhait du céramiste reste de parvenir à ce qu’une sorte d’aura entoure la moindre de ses créations, car c’est à ce moment que l’on peut clairement parler d’art. Cette perfection plastique alliée à l’exigence fonctionnelle le conduisait vers le design, mais ce chemin par trop dépendant d’un système économique ne pouvait lui convenir. L’origine d’objets manufacturés est vite oubliée ainsi que tout le mérite pour l’artiste d’être un pionnier.


Robert Deblander a appliqué la leçon de liberté qu’il a reçue de Vassil Ivanoff. Il s’est donné des défis tout en restant fidèle à lui-même, il s’est contraint, « avec le courage de l’inconscience », à développer l’aire de sa création, il restera un représentant exceptionnel, attentif témoin de l’art céramique français de la moitié du XXe siècle ».


Nicole Crestou, Robert Deblander, Editions La Revue de la Céramique et du Verre

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