« S’il évite toute discussion sur la conceptualité de son œuvre, - il a sûrement raison car après tout c’est au voyeur de se déterminer par rapport à une œuvre et je le fais volontiers avec la sienne -, Matei Negreanu aime parler de la technique du verre. Il a une grande maîtrise de ce matériau et en explore toutes les potentialités avec un plaisir évident et insatiable.
Il peut parler des heures devant un public qui ne comprend rien au verre et cela devient passionnant. Parce qu’il en connaît toutes les contraintes et les jouissances à le travailler et que c’est aussi un matériau de lumière et d’opacité, de douceur et d’aspérités, tout simplement un matériau de séduction.
Il en étudie la fragilité et la résistance et essaie de le vaincre à chaque œuvre qu’il crée. Même s’il avoue parfois qu’il aimerait s’échapper du verre, pour travailler d’autres matériaux, il sait qu’il y reviendra toujours pour le mieux maîtriser.
Matei Negreanu peut paraître réservé quant à l’esthétique de son œuvre. S’il est un grand expert dans le maniement du verre, il a aussi une grande notion de la beauté, classique sûrement mais principalement contemporaine. L’expression du beau lui vient sans cesse devant des objets ou des paysages.
Alors on comprend mieux qu’il se place en grand observateur des formes et des lumières et que toute son œuvre s’en ressent. Il y a toujours dans ses sculptures et plus encore dans son dernier travail, une résonnance entre opacité et transparence de la matière dans le jeu des brisures ou des éclats, un écho entre élégance et harmonie des formes ramassées ou élancées et une dynamique entre poétique et spectacle avec les incrustations de couleurs luxuriantes ou de matériaux insolites dans le verre ».
Marie Bonnal, critique d’art
Extrait du catalogue de l’exposition Matei Negreanu, Editions Galerie Capazza, 2013
« Je suis le metteur en scène de mon verre. En introduisant le plomb, je ne laisse pas le verre agir seul, avec ses qualités. Il est tellement splendide, que notre intervention sur lui serait nulle. Ce n’est pas le bloc poli qui m’intéresse, c’est la lumière. Je la dirige, je lui crée des passages, je l’intensifie où je veux. Je lui donne ombres et tonalités de couleurs. Il y a des surfaces que je polis, d’autres que je casse, que je creuse. Au fond, je me fous du verre, je l’exploite. J’emploie ses rondeurs intérieures ».
Matei Negreanu