« Je tracerai une ligne et ce sera la vie. » nous dit Hokusai.
« Tracer une ligne n’est pas une affaire simple : le cœur doit être grand et vide », répond un proverbe chinois.
Deux citations auxquelles je tiens et qui me ressemblent :
« Aime la vie de tout ton être et tu seras heureux à jamais. Ne crains pas d’être celui que tu veux être. Ne crains pas tes désirs. Ne crains ni la vie ni la souffrance. Il n’y a rien de plus grand que la victoire sur le désespoir. Ne crains jamais de désirer et de faire ce que tu veux … En d’autres termes : ne crains pas la liberté ! » - Alexandre Scriabine
« Quand j’aurais employé mille rames de papier pour t’écrire tous les accidents qui me sont survenuz en cherchant ledit art, tu te dois assurer que, quelque bon esprit que tu ayes, il t’adviendra encore un millier de fautes, lesquelles ne se peuvent apprendre par lettres, et quand tu les aurais même par esprit, tu n’en croiras rien jusques à ce que la pratique t’en aye donné un millier d’afflictions »
Bernard Palissy (Céramiste du XVIe siècle)
« Au début, il y a les trois bouleaux du petit jardin.
J’avais accès au tilleul et au cerisier des voisins, mais les bouleaux je pouvais les peler.
J’adorais cela, je m’appliquais à faire des pelures les plus grandes possibles.
Cela peut tuer l’arbre m’a-t-on dit un jour.
Je continuais ma besogne en prenant soin de ne pas tuer les arbres.
Plus grande, je me suis mise à faire la guerre, cela aussi m’occupait, j’étais espion.
Mon arme et mon plaisir étaient de fabriquer des “crottes de chien”, faites avec l’argile du jardin, moulées et peintes à la gouache, ensuite déposées dans les boites aux lettres ou sur les marches de l’entrée des maisons ennemies.
Découverte de la texture de la terre avec ses combinaisons et ses cohérences.
Naissance du peuple d’argile à la peau qui ressemble à l’écorce des arbres, debout, défiant l’équilibre, traces de guerre et de vie.
Les bras dessinés ressemblent de plus en plus à des veines qui irriguent les troncs de sève et, les longs doigts aux fines racines.
Œuvre figurative, déformée, traitée librement
Il est debout, vibrant, expressif, fragile...
Elle, c’est l’argile, détournée de son rôle d’utilitaire, sans vernis, cuite, défiant le temps.
Elle est couverte de fissures, crevasses, craquelures...
Il est couvert de cicatrices, rides et plis.
Traces de vie, traces de vécu.
Peuple dont la peau ressemble à l’écorce de l’arbre.
Fier, vertical et digne, parfois arrogant, séducteur ou séduit, ou simplement lui.
Sans bras, non ils sont là, gravés et rehaussés de blanc, collés au corps, comme impuissants.
Fluidité du corps.
Homme brut, homme dressé, authentique.
Pour faire l’homme blanc, j’ai pris la terre noire, pour le noir, la blanche.
Ni peau, ni couleur, une personne, un esprit.
A l’aube de la parole, il y a le geste de se dresser….de créer ».
Fabienne Claesen