« A quel point le tableau représente un nombre de choses qu’il ne devrait pas contenir ! Il se trouve que quatre parties dispersées correspondent à une expression que vous aimeriez donner à la totalité. Comment lier ces quatre parties ? Et qui vous dit d’ailleurs qu’elles semblent flotter ? On aimerait les garder. On ne peut pas les déplacer. Quelles voix vous ordonnent de vous arrêter ? Laisser le tableau dans cet état d’attente répond à une voix mystérieuse en vous, qui vous somme d’arrêter et de vous retirer - pour longtemps, probablement pour toujours - de la surface labourée, afin que la liberté soit donnée au tableau de « rassembler » les quatre parties en friche, et d’accepter le « terrain vague ». La surface labourée a exigé de vous des gestes directs, violents, spontanés. Cette spontanéité peut vous laisser tomber en route, faute de concentration. C’est la raison pour laquelle les calligraphes de la Chine ancienne se concentraient longtemps, contrôlant leur souffle autant que leur poignet. Le geste est l’exilé de la concentration. Il arrive que vous vous promeniez tel un saltimbanque sur le fil de votre tension concentrée : pourquoi diable revenez-vous si rapidement ? »
Mechtilt, dans La clarté du geste
« L’œuvre de Mechtilt est à l’image d’une artiste nourrie de cultures diverses, passionnée de littérature, de la poésie. Une artiste dont l’œuvre n’a cessé de s’enrichir au-delà de toute limite, de toutes frontières, avec un étonnant corps à corps à l’égard du continent africain et de l’univers de l’extrême-Orient. Ceci sans jamais oublier la résistance nécessaire vis-à-vis de ces autres cultures qui ne sont pas les nôtres. (…)
« Son œuvre n’a cessé de s’enrichir d’une profonde réflexion sur la création des autres, mais repensée à la lumière d’un vécu, au contact de la terre, du ciel, de la lumière, de chaleur. (…) Lettres, hiéroglyphes, traces se mêlent. Saisir une terre de feu, être à l’écoute du battement d’un continent, écrire des signes. Devenir le rythme même par l’intermédiaire du mouvement du poignet, du pinceau. Trace dont le « tremblement » évoque « le tambour qui parle » (L.S. Senghor), tout en respectant le signe d’appartenance, protestation ou de résistance qui dégage la musique. Les intensités ce sont ces états de la toile ou le papier qui commencent avec le « rien » et qui finissent en signes migrateurs. Œuvre en permanence dans un imaginaire poétique dont Mechtilt a su capter les signes et transformer à sa manière l’éclat et la fragrance. La mémoire de cet imaginaire fertile se fait par le geste du peintre et -par delà du temps- échange et dialogue.
Sa maîtrise des transparences de la lumière, un héritage génétique inconscient des plus grands peintres de sa Hollande, fait ressortir des instants de transparences de lumière très douce par rapport aux éclats forts des lignes coupantes nerveuses, masses compactes sombres. La force intérieure et l’équilibre entre ce qui « tombe » en bloc ou « jeté », parfois comme lacéré d’un poignard, étonnent ».
Hedi Bouraoui
La question que nous adresse le tableau (à nous peintres) : Laisse-moi te regarder, laisse-moi te regarder, toi qui me rend ce regard. Ce contact mystérieux, profond, tout en tonalité, plus qu’un dialogue, est quelque chose qui n’a ni commencement ni fin.
Née à Amsterdam en 1934. Décédée à Paris en 2000.
Fille d'architecte, diplômée de l'Académie des Beaux-Arts à Amsterdam. Epouse le peintre Jan Meijer en 1956.
Séjourne à l’atelier de Nicolas de Staël en 1957.
A vécu et travaillé en France depuis 1960.
A créé un grand nombre de « livres d'artistes ».
Peintures sur toile et papier Japon.
Des milliers de dessins (encre de chine).
Correspondance avec Anaïs Nin et Marcel Moreau.
Les trois films réalisés sur son œuvre par Robert Sève, « Erographes », « Mechtilt », et « Skiros », ont reçu un hommage spécial du jury lors 1er Festival des Films sur l'Art à Montréal en 1981, parmi les films sur Picasso, Bram Van Velde, et de Kooning.
A obtenu des bourses de la part des gouvernements : Français 1957 et 1983, Italien en 1958, Hollandais en 1981 et 1987.
Travaille en sérialité sur la musique (Alban Berg, Miles Davis).
Ont écrit sur sa peinture : Robert Franquinet, Sadi de Gorter, Hans Jaffé, Gaëtan Picon, Geneviève Breerette, J.M. Dunouer, Jean Laude, Gilles Plazy, Pierre Brisset, Olivier Grignan, Chantal Chawaf, Chantal Maillet, Hélène Cixous, Michel Bernard, Frédérick Bergounious, Robert Sève, Claude Beausoleil, Khair Eddine, Sezer Tanzug, Maati Kabal, Christine Buci Glucksmann, Françoise Gaillard, etc.
Parus aux Publications du Livre/Objet: Soweto, Cap de Désespérance, texte Edouard Maunick, imprimé chez ARTE (éditions intertextes) en 1985.
A illustré des poètes tels que : Leopold Senghor, Aimé Césaire, Wole Soyinka, Adonis, Italo Calvino, Abdelkebir Katibi Eddine, René Char, Lionel Bourg, Jacques Dupin, Hélène Cixous, de Sade, Marcel Moreau, Walt Whitman, etc.
2018 Exposition personnelle "Dualité", Galerie Capazza, Nançay
2018 Exposition personnelle, Galerie Capazza, Nançay
2016 Dessins, Galerie 24B, Paris
2014 Art Elysées, Paris
2010 Exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
St’art, Strasbourg, avec la Galerie Capazza, France
Art Elysées, Paris
2009 Exposition hommage, Galerie Capazza, Nançay
2005 Foire de Gand Art Nocturne, représentée par la Galerie Capazza, Knokke, Belgique
2003 Exposition personnelle, Peinture, Galerie Capazza, Nançay
2002 Foire Internationale d’Art contemporain, avec la Galerie Capazza, exposition personnelle, Strasbourg
2000 Foire Internationale d’Art contemporain avec la Galerie Capazza, exposition hommage, Strasbourg
1999 "L'Enigme bleue du Temps" Espace Cardin, Paris exposition conçue et réalisée par la Galerie Capazza, Nançay
Exposition personnelle Julian Meijer space, New York City, USA
1998 "Les Quatre Eléments: Voyage Initiatique" Espace Cardin, Paris exposition conçue et réalisée par la Galerie Capazza, Nançay
1997 "L'année du Japon en France - Utamaro « vu par » Galerie Capazza, Nançay
1996 MAC 2000, Grand Palais, Paris
1995 Institut Néerlandais, Grands et Jeunes d'aujourd'hui, Paris.
1994 Mairie du IXème, Paris. Institut Néerlandais, Grands et Jeunes d'aujourd'hui, Paris.
1993 Ouidah festival, Benin. Abbaye de Caen, "Murmures" (Grands formats). Mairie du XVIIIème, Paris. Temporary Space, Sapporo, Japon.
1992 Autour de Jacques Dupin : le refuge, Marseille, avec : Alberto Giacometti, Joan Mitchell, Paul Rebeyrolle, Antoni Tapies, Antonio Saura, Raoul Ubac…MAC
2000 Grand Palais, Paris.
1991 Magasins du Printemps : Draps de Maîtres.
Galerie Atelier, Rabat, Maroc
Salon Bagneux
Galerie Capazza : 10 ans, 100 Œuvres.
Mairie du XVIIIème, Paris.
1990 MAC 2000, Grand Palais, Paris (Prix du Public).
Mairie du Xllème, Paris.
Toiles de Maître, Massilargues.
Art de la rue, Grand Palais, Paris.
"Rupture" Film expérimental de Mechtilt, Cinémathèque Chaillot.
1989 Unesco, "Danse d'Afrique" : Exposition personnelle de dessins, Paris
L'assassinat de Dulcie Septembre (20 lithographies).
Centre Culturel Français, Exposition personnelle, Marrakech, Maroc
Free Mandela, Paris et autres villes de France.
1988 Festival Asilah, Maroc
1987 Conference for another South Africa (CASA), Amsterdam. (Soweto).
France-Etnicolor, Paris.
Théâtre de Bali, Amsterdam.
Festival Asilah, Maroc.
1986 Centre Georges Pompidou : exposition personnelle.
Maison de la poésie autour d'Edouard Mauncik (Soweto).
Maison de la poésie : Léopold S. Senghor et ses amis peintres.
Foire du livre Noir, Londres.
Congrès Anti-Apartheid à Dakar.
1985 MAC 2000, Grand Palais. (12 peintures contre la torture). Publication "Soweto cap de désespérance", texte d'Edouard Maunick (Intertextes).
Bibliothèque Nationale, Paris.
1984 Autour de Marcel Moreau : Amis, rythmes et démons. Bruxelles et le grand Hainaut avec : Topor, Dubuffet, Velickovic, etc…
1983 Institut Néerlandais, Paris.
Entrepôt Lainé, 40 peintures inspirées par l'univers Haiku, Bordeaux.
Travail anthologie et disques Poésie africaine, antillaise et haïtienne, Travail contre la torture.
1982 Centre G. Pompidou (revue Dirty). Biennale de Québec, Canada Film expérimental "Rupture" (Chaillot).
1981 Premier festival des films sur l'Art à Montréal, Canada "Le dernier mot" de Jean Laude. Début d'exposition des livres d'artistes. American Center, Paris (livres d'artistes). Centre G. Pompidou (livres d'artistes).
1980 Maison de la culture, Nevers, Angers, St Etienne, Besançon. Festival de Prades (2 films).
1978 Cabinet de dessins, Paris. Musée d'Art Moderne, Paris.
1977 Künstlerinnen Intern. Berlin et Frankfurt. Unesco "Dialogues", Paris. American Art Center, Paris.
1976 Galerie Mazarine, Paris. Galerie Nane Stern, Paris Rencontre Henry Miller
1975 Galerie Nane-Stern, Paris. Centre culturel, Orléans (Avec H. Cixous et C. Clément). "Ce Maroc !" (Mohamed Khair-Edine). Projections films "érographiques" et "Mechtilt" par Robert Sève (travail sur l'œuvre érotique et travail de matière), texte d'Hélène Cixous. Unesco "Dialogues" Paris.
1974 Films "érographes" et "Mechtilt" par Robert Sève.
1973 S'installe à Paris.
1972 Stedelijk Museum (collages) Amsterdam.
1971 Musée van Bommel van Dam.
1970 Musée van Bommel van Dam-Venlo.
1969 Musée de Macon : Poèmes/Objets.
1963 Salon de Beauvais (Médaille d'argent collages).
Lire la suite- "Lises Liseron", Jacques Dupin, éd. Fata Morgana, collection "livre peint"
- "Détour d'écriture" Adonis, Nöel Blandin
- Poésie 90, numéro 39, autour de Walt Whitman (Seghers)
- Livre AWA, Institut Néerlandais
- La Bomb, Mouvement de la Paix
- La revue noire
Biennale de Paris, Comparaisons, Jeune Abstraction, Réalités Nouvelles, Bagneux, Courbevoie, Levallois, Foire Internationale d'Amsterdam, MAC 2000, Grands et jeunes d’aujourd’hui.
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