"Très jeune, j'avais un seul plaisir : être chez moi pour créer des séries de petits personnages en terre. J'ai eu la chance d'avoir des parents qui m'ont soutenue. Ils ont pris des photos des premières sculptures pour confectionner des albums. Cette attention m'a encouragée…"
Fanny Ferré
« Pour les peuples errants, se fixer c’est mourir, renoncer à l’exaltation que procure le fait d’avancer, de se rendre d’un point à un autre. Bien qu’ancrée à son atelier, Fanny Ferré se sent foncièrement nomade, solidaire de tous ceux qui n’ont que l’instant pour demeure.
Rescapés des crises, des conflits et des préjugés de toute sorte, ils avancent, visage au vent, libérés de tout ce qui conspire à l’effondrement de la vie. Chiens, poules, chèvres, boeufs et chevaux cheminent à leurs côtés, formant avec eux une phratrie, une communauté de vie plus intense que l’existence aseptisée qu’on nous offre pour horizon (quand on ne nous prive pas des ressources de notre gagne-pain).
Pour autant, les personnages dont il s’agit ne sont nullement des fuyards, des mendigots ou des persécutés. Ils sont pétris d’humanité dans la plus généreuse acception du mot. Leur vérité nous touche au cœur. La palette des sentiments s’étale sur leur visage, tour à tour affamé d’espace, inquiet, méditatif ou volontaire.
Une belle touche de sensualité souligne la fermeté des corps que l’on devine sous les vêtements singulièrement moulants des femmes. La procession progresse vers un ailleurs dont on ignore jusqu’aux contours. Les figures de terre aux pieds larges ne semblent pas s’en alarmer. Chacune d’elles tient son rôle dans le grand cirque universel. Petits et grands sont à égalité. Rien n’est plus révolutionnaire que l’enfance écrivait Jean Sullivan qui, toute sa vie se tint à l’écart du conformisme spirituel, cette paresse de la pensée.
L’enfance, voilà la clé, le mot de passe qui donne accès à l’univers rude et sauvage que nous offre Fanny Ferré. Les êtres qu’elle dépeint n’ont que leur maigre balluchon, une carriole brinquebalante et quelques vivres pour le voyage, mais rien ne peut fléchir leur désir d’aller de l’avant, comme si le but de l’aventure était la route elle-même plutôt que la destination de leur incessant pèlerinage. Mordant la vie à pleines dents, ils n’ont pour guide que les étoiles et leur rêve pour quotidien ».
Luis Porquet
NOMADOLOGIE
MATIERE
De la terre - disons-le autrement : à partir de la terre, en provenance de la terre, avec la terre, fabriqué avec elle. De toute façon, quelle que soit l'acceptation, conçu avec de la glaise, en écho au premier démiurge, païen ou non, qui a créé le monde en modelant le matériau prélevé sur le chaos, arraché au désordre avant de lui donner vie à l'aide du souffle. Du feu, donc également, en guise de paraclet immanent destiné à durcir, à animer, à figer dans l'éternité de l'art, à prendre rendez- vous avec le temps pour se mesurer à lui. Ainsi le monde peut bien advenir.
NOMBRE
Des tribus, rarement des solitudes, souvent des groupes. Des familles telles que tous les discours généalogiques les conçoivent : une mère, un enfant, un père, sa femme et leur progéniture. Un groupe, le noyau primitif qui assure d'une capacité à répondre aux violences alentours. Pas d'individus
solitaires comme la modernité les invente, mais des agrégats primitifs destinés à conjurer le mauvais sort : les intempéries, la pénurie, le danger venu des autres ou des animaux, la faim, la soif, la possibilité de préserver son être.
ACTIVITES
Survivre avant tout : boire, manger, dormir, se refaire une santé, des forces, se reposer, restaurer son corps par les marches. Mais aussi les activités courantes dans les villages premiers, les communautés originaires : retirer une épine du pied, épouiller un enfant, nourrir des animaux. Mais aussi, en signe de relation intime avec les rythmes et les cadences cosmiques encore familières aux hommes, faire de la musique, souffler dans un chalumeau, cadencer le souffle de peaux. Du besoin au luxe, de l'alimentation des corps à la nourriture des âmes.
BESTIAIRE
Le chien, compagnon fidèle, dévoreur d'ordures et support aux affections frustes, signe du passage des peurs de la sauvagerie au pouvoir de domestiquer ; mais aussi les oiseaux, nourris, certes, mais dans le dessein de fournir sûrement de la nourriture le jour venu, des chèvres également, pour le lait, la viande, la sobriété des besoins ; un singe, enfin, pour rappeler la proximité du mammifère et de l'homo sapiens, leur proximité et leur intime et indépassable parenté - frère métaphysique, double ontologique.
ERRANCE
Dormir ou manger, oui, mais pour pouvoir reprendre la marche et partir encore et toujours sur des chemins qui ne mènent nulle part. Car, en dehors des songes, des
rêves de ces corps allongés à même le sol, les humains quêtent : un endroit plus agréable, un lieu plus hospitalier, une géographie moins dangereuse, un temps plus clément. Tribus errantes, nomades impénitents, haine du domicile et goût furieux, viscéral pour la liberté et ses métaphores : la marche, le mouvement, le déplacement vers ailleurs.
SENSUALITE
Et puis cette immense et perpétuelle sensualité. Envie de rencontrer ces femmes presque nues dont les vêtements sont rares, loqueteux, effilochés, moulants. Pour leurs fessiers proéminents, leurs croupes larges, excitantes, leurs petits seins fermes et haut placés, leurs tailles étroites, leurs jambes longues, parfois écartées, leurs peaux cuivrées, bronzées, tannées ; le désir affleurant, l'innocence d'un érotisme païen, simple sobre encore intact et pur.
ALLURE
Des rois ou des fils de roi, des reines ou leurs filles, des tribus royales, certainement, parce que libres, sans entraves, sans limites, sans autres obligations que leurs caprices. Et ces vertus oubliées, négligées, méprisées, perverties par les civilisations et les religions qui rapetissent : fierté, détermination, mélancolie, intrépidité. Innocence, volonté et autres grandeurs associées aux peuples farouches, indomptés, sauvages et créateurs de leurs propres valeurs.
Michel ONFRAY
Née le 6 juin 1963 à Evreux (Eure)
1990 Lauréate de la Fondation Bleustein-Blanchet pour la vocation
1985-1986 Atelier de taille directe Cardot, Paris
1984-1985 Stage à l'atelier expérimental de la manufacture de Sèvres
1983 Ecole des Beaux Arts de Paris - Atelier de sculpture de Georges Jeanclos
1980-1983 Ecole des Beaux Arts d’Angers
Lire la suite2021 Enfances, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
Un été ornais très contemporain, Mortagne-au-Perche, Normandie
2020 La manufacture Bohin, Saint Sulpice-sur-Risle, Normandie
Le torse d’une femme à la pureté d’un vase, grands courbes simples d’un fruit désiré, Parcours d’art contemporain autour d’Auguste Rodin, 1 exposition, 5 lieux, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
2019 L’arbre, c’est le temps rendu visible, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
Un été ornais très contemporain, parcours de sculptures, Bagnoles-de-l’Orne
Collégiale Saint-André de Chartres
2018 Château d'eau-château d'art de Bourges en partenariat avec la Galerie Capazza
Miroir des Sentiments, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
2017 Hôtel du département de l’Orne, Alençon
2016 Galerie Catherine et Frédéric Portal, Saint-Jean de Luz Galerie Le Salon de Mam Muti, La Flotte en Ré
Centre régional d’art contemporain, Fontenoy
Galerie Danielle-Bourdette-Gorzkowski, Honfleur
2015 Château de Bois-Guilbert, Bois-Guilbert
Musées de Sarreguemines, Sarreguemines
Espace culturel mairie, Bazoches-sur-Hoëne
2014 Médiathèque François Mitterrand, Argentan
Galerie Danielle Bourdette-Gorzkowski, Honfleur
Collégiale Saint-André, Chartres
La Manufacture Bohin, Saint-Sulpice-sur-Risle
2013 Château de Laréole, Laréole
Château de Vascoeuil, Centre d'art et d'histoire, Vascoeuil
Espace Sofitel, Quiberon
2012 Galerie Danielle Bourdette-Gorzkowsk, Honfleur
2011 Galerie Capazza, Nançay
Galerie Danielle Bourdette-Gorzkowski, Honfleur
2010 Galerie Claudine Legrand, Paris
Espace des Tanneurs, L'Aigle
Château de Carrouges, Carrouges
2009 Espace Herbauges, Les Herbiers
Galerie Danielle Bourdette-Gorzkowski, Honfleur
Centre régional d'art contemporain, Fontenoy
2008 Mémorial, Montormel-Coudehard
Galerie Capazza, Nançay
Grange dimière - Le Pin, Charavines
2007 Musée de Roanne
Galerie Capazza, Nançay
Espace contemporain, Beaune
2006 Galerie des Emibois, Neufchâtel, Suisse
Maison de la Culture, Nancy
Galerie Claudine Legrand, Paris
2005 Galerie Danielle Bourdette-Gorzkowski, Honfleur
Palais Bénédictine, Fécamp
Espace contemporain, Beaune
2004 Musée de la Céramique, Dieulefit
Galerie Capazza, Nançay
Galerie Claudine Legrand, Paris
Abbaye d’Arthous, Hastingues
1997-2003 Galerie Danielle Bourdette-Gorzkowski, Honfleur
2002 Crypte de l'église Ste Eugénie, Biarritz
Les Olivétains, Saint-Bertrand-de-Comminges
2001 Maison de la Céramique, Mulhouse
2000 Galerie des Emibois, Neufchâtel, Suisse
Médiathèque François Mitterrand, Argentan
Galerie Mostly Glass, New York, USA
1999 Salon Sofa, Chicago, USA
Musée de la Ville, Roanne
Théâtre de la Ville, Saint-Gaudens
1998 Maison de la Culture, Nancy
1997 Galerie Hazelar, Soest, Pays Bas
1996 Grottes de la Pierre aux Dames, Conches
Galerie Annie Chevalley, Montreux, Suisse
1994 Centre Céramique de la Borne, Henrichemont
Établissement Elie de Brignac, Deauville
1993 Musée Mandet, Riom
1992 Prieuré Saint Gabriel, Brécy
Tempera Art Gallery, Bruxelles, Belgique
1991 Galerie Lavignes-Bastille, Paris
1990 Galerie Le Cube, Paris
1989 Maison des Arts, Evreux
1988 Galerie Le Cube, Paris
1986 Café de la Danse (Génie de la Bastille), Paris
Galerie D. M. Sarver, Paris
1985 Grande Messe des Beaux-Arts, Paris
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